En tant que capitale nationale à la tête d'un État macrocéphale, une place toute particulière doit être accordée à Londres. Ainsi, ce chapitre dressera le tableau de son administration, son organisation spatiale, son économie et ses problèmes sociaux.
Fondée par les Romains et centre économique depuis l'Antiquité, la ville de Londres, où vivaient quelques centaines de milliers d'âmes, s'étendait sur les bords de la Tamise. Jusqu'au XVIIIème siècle, seul un pont habité traversait le fleuve. Elle étaient entourée d'une muraille et était accessible par le biais d'une dizaine de portes.
La ville se composait de 25 quartiers ou liberties
portant le nom des églises principales, ce qui montrent l'importance et la place de la religion à Londres. Sur le territoire de Londres se situait aussi le siège du pouvoir. L'île de Thorn, où se trouvait le manoir de Westminster qui avait obtenu le statut de bourg à part entière en 1585, était le lieu de résidence principal des rois anglais depuis le début du Moyen-Âge jusqu'à l'incendie de 1529. Henri VIII Tudor a repris la tradition et s'est réinstallé sur l'île l'année suivante dans le palais qu'il a rebaptisé le Whitehall. Le pouvoir anglais était donc logé à Londres même, ce qui fait de la ville le lieu de commandement du royaume par excellence. La population londonienne était pour les ¾ composée de freemen
, membres des guildes et donc citoyens de la ville. Ce corps civique élisait deux conseils aux fonctions différentes mais gérant à eux deux les affaires du territoire: le Conseil de Quartier qui organisait les fêtes et les Poor Laws
et le Conseil des Anciens, composé de 25 anciens oldmen
, qui élisait le maire représentant à la Chambre des Communes.
Centre politique et religieux, Londres était aussi dès la période Tudor un centre économique non-négligeable. La ville était organisée en guildes et en livries
(corporations à livret pouvant choisir entre-eux le maire), parfois si fortes que la reine leur donnait des pouvoir extra-londoniens. Ainsi, la guilde des couvreurs et des Maçons pouvaient inspecter les bâtiments situés sur 15 miles de distance en dehors de la ville. La ville était aussi le lieu d'un marché important de par son envergure où étaient vendus des produits de tout genre par les paysans au poids. La vie économique londonienne était cependant dominée par un double problème: la hausse des prix et la hausse démographique. En effet, entre 1590 et 1603, soit vers la fin du règne d'Elizabeth Ière, on constate que le prix de la farine a quasiment triplé. De même, vers 1633, la ville passe à 200 000 habitants. La raison en est que l'enrichissement à Londres, comme en Angleterre en général, ne concerne pas toutes les classes. Ainsi, les ouvriers voient leur salaire revu à la baisse pendant que les dirigeants locaux et les personnes influentes font croître leurs richesses.
La hausse démographique de Londres est principalement due à l'immigration interne: Londres est un pôle attractif de l'Angleterre du XVIème siècle pour les strangers
(nom donné par les autorités aux étrangers) et les foreigners
(nom donné par les autorités aux migrants internes). Les migrations, organisées ou non, avaient une visée émancipatrice. Les migrants, parfois jeunes, se lancent dans la vie et recherchent un travail, souvent comme domestiques. Si l'emploi et les ressources sont introuvables, ils sont logés de manière irrégulière et parfois dans l'illégalité totale, ce qui laisse alors place à la délinquance et aux vols. En réponse à ce problème, les Poor Laws
sont adoptées entre 1597 et 1601, qui posent officiellement le principe que la pauvreté et due aux pauvres. Elles divisent de fait les indigents en deux catégories: les pauvres méritants devant être aidés par leur paroisse d'origine et les idles
ou oisifs
que l'on menace d'enfermer, de chasser ou de punir. Ces migrations internes étaient donc l'objet d'un contrôle fort de l’État.
Londres apparaît donc comme un haut lieu de pouvoir et de peuplement mais qui connaît des problèmes socio-économiques importants liés à son immigration et à la répartition des richesses.