Au Moyen-Âge, les romans prennent petit à petit les formes connues actuellement, notamment la prose. Il faut toutefois s'interroger sur la place du roman dans la littérature médiévale, souvent qualifiée de mineure
.
Apparus dès le XIIème siècle, les romans étaient tout d'abord écrits en vers. Le roman racontait alors la vie des saints, puis des fictions contant des aventures fantastiques. Ceux-ci étaient chantés aux nobles et bourgeois par les troubadours en langue d'oc et d'oïl. Mêlant, amour courtois, exploits guerriers, passion amoureuse et mysticisme, ces œuvres sont nommées par les chercheurs romans courtois
. La quête du Saint-Graal de Chrétien de Troyes, contant les aventures du roi Arthur, reste l'exemple le plus connu du genre. L'auteur a aussi marqué l'évolution du roman en substituant au cours de cette période l'expression mettre en roman
, désignant la simple traduction en langue romane, l'expression faire un roman
mettant alors l'accent sur la création d'une œuvre littéraire. Le genre romanesque naît donc officiellement. Le roman courtois restait malgré tout le fait de la noblesse et donc un genre mineur.
À cette littérature de nobles s'opposait une littérature plus populaire. Ainsi, coexistait avec roman courtois le roman satirique. Le but est de mener une critique de la société tout en passant par le comique. On peut dès lors citer le Roman de Renart, ensemble de contes ou branches
écrits en octosyllabes et racontant les aventures de Renart, le goupil. Par le biais de personnages animalisés (Noble le lion représente le roi et la noblesse par exemple), les auteurs de l'œuvre mènent une réflexion sur la société médiévale en évitant la censure et en gardant l'auditoire populaire en éveil.
Afin de bien distinguer le vers de la prose, faisons un détour par le théâtre de Molière qui dans le bourgeois gentilhomme explique que Tout ce qui n'est pas prose est vers et tout ce qui n'est point vers est prose. La prose est un phénomène récent dans l'écriture des romans où elle n'apparaît qu'après 1200. De plus en plus d'écrivains considéraient en effet que la prose était plus appropriée que le vers pour raconter les aventures des protagonistes. Le IIIème siècle marque donc un tournant dans l'écriture romanesque, la prose prenant alors de plus en plus d'importance. La preuve en est la multiplication de versions en prose de l'histoire de Tristan et Iseult entre le XIIIème et le XIVème siècle. Cette ancienne légende celtique a connu bon nombre d'interprétations et donc des fins parfois contradictoires. Elle raconte l'histoire d'un jeune guerrier et d'une demoiselle qui cherchent à vivre un amour interdit provoqué par l'absorption d'un philtre, et ce, malgré les différentes épreuves qui s'imposent à eux.
La qualification de genre mineur est-elle cohérente? Le roman était aussi bien connu de la noblesse que du Tiers-Etat mais sous des formes différentes et avec des sujets bien opposés. Il faut le rappeler le roman satirique populaire et le roman courtois plus réservée à la noblesse coexistaient au Moyen-Âge. L'auditoire de ces histoires chantées par les troubadours était donc large. À partir du XIIIème siècle, le genre devenait plus écrit mais la littérature populaire perdurait. Il est donc difficilement envisageable de parler d'un genre mineur. Il est en revanche avéré que le roman était considéré comme un genre moins noble que la poésie et le théâtre et de fait moins pratiqué.