Il faut toutefois s'interroger sur l'appellation de révolution. En effet, ce terme, utilisé sans cesse par Mourre, Poly, Bournazel et d'autres médiévistes, prête à de nombreux débats depuis les années 1990, notamment grâce aux découvertes de l'historien Barthélemy qui remettent en cause son usage dans le cas de l'an Mil. Avant de parler de révolution, il faut passer par une opération d'analyse et de définition des concepts. Maurice Flory reprend dans le volume 5, le concept de révolution au Maroc, de la revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, paru en 1968 le Larousse et définit la révolution comme une transformation en profondeur du système politique, un bouleversement essentiel et irréversible. La révolution se distingue de fait de la révolte, de la réforme, de l'insurrection et du coup d'État, qui sont aussi d'autres moyens de s'élever contre un régime en place, dans le sens où la révolution implique l'instauration irréversible et pas nécessairement violente d'un ordre nouveau. Il faut y ajouter une autre caractéristique dont Barthélemy tient compte dans sa remise en cause: la révolution est un changement brutal, profond et rapide. En effet, une révolution se distingue d'une période de changements ou d'évolutions par sa durée dans le temps.