Chapitre 3

L'art roman: un art occidental apparaît

Introduction

I) Les deux âges du roman

II) L'architecture romane

III) La peinture romane

Introduction

L'an Mil est certes l'âge d'un renouveau sur le plan religieux mais aussi sur le plan de l'art. En effet, apparaît à cette période ce qui est appelé depuis le XIXème siècle l'art roman constituant alors le premier art typiquement occidental.

I) Les deux âges du roman

L'historien allemand des arts Nikolaus Pevsner distingue deux âges de l'art roman. Un premier qui commence aux alentours de l'an Mil et s'étend vers l'année 1060-70, année de la première croisade. Il se développe tout d'abord en Italie, dans la région de Côme, et en Espagne, en Catalogne et en Aragon vers 950. Les déplacements récurrents des maestri cominici, une corporation itinérante de maçons, et des Lombards, peuple d'Italie originaire de Scandinavie méridionale, exportent alors ce nouveau style artistique dans toute l'Europe, atteignant la Saxe et la Scandinavie. Le second concerne plus particulièrement la France entre les années 1060-1070 et 1130, succédé alors par l'art gothique qui en constitue plus une nouvelle évolution qu'une rupture dans l'art occidental.

II) L'architecture romane

Au début du XIème siècle, le chroniqueur français Raoul Glaber avait noté une fièvre de construction en Occident. Selon lui, c'était comme si le monde lui-même s'était secoué et, dépouillant sa vétusté, avait revêtu de toutes parts une blanche robe d'églises. En effet, l'évolution de la croyance chrétienne et de l'Église a amené à construire de nombreux édifices religieux au cours de l'an Mil et ce avec de nouvelles techniques architecturales. Lors du premier âge roman, l'architecture se caractérise particulièrement par l'importance de la crypte, les premières voûtes, les chevets de plein-cintre ou en berceau ornés de petits arcs et de bandeaux géométriquement disposés, des temples couverts et terminés en voûte en cul de four, l'usage de piliers comme sustentation à la place des colonnes, et des nefs plus vastes et importantes. À cela s'ajoute la présence des premiers déambulatoires comme à Saint-Etienne de Vérone ou à la cathédrale d'Ivrée. Lors du second âge roman, les nefs augmentent encore de taille afin d'accueillir des pèlerins toujours plus nombreux. Le phénomène est frappant en Bourgogne où les églises abbatiales de Pontigny, de Saint-Bénigne de Dijon et de Cluny III atteignent les 100 mètres. De même, les églises gagnent en hauteur comme le montre la basilique de Saint-Sernin à Toulouse qui mesure 64 mètres. De même, les murs sont désormais renforcés par des contreforts massifs et les recherches sur le voûtement progressent: la voûte à charpente est remplacée par la pierre dans les grands édifices et dans le Sud-Ouest de la France et en Auvergne, on utilise la coupole. Enfin, le culte des Saints entraîne un fort développement de la sculpture monumentale et en ronde-bosse.

III) La peinture romane

Les églises romanes étaient au départ entièrement peintes. Les motifs ont toutefois mal résisté au temps, aux badigeonnages du XVIIIème siècle, et aux restaurations intempestives du XIXème siècle. Les œuvres des artistes-artisans de l'époque, la dénomination choisie ici étant due au fait qu'ils obéissaient à une demande de l'Église et ne signant pas leurs créations comme des ouvriers, avaient pour point commun de traiter des thèmes bibliques en usant des tons généralement rouges, jaunes éteints et ocres, gris aux reflets verts, ou bleus foncés.

Fresque de l'église de Britnay (Cher, France), http://www.art-roman.net/

A ce renouveau de l'art, l'on pourrait ajouter l'exemple des tapisseries qui connaissent aussi un certaine essor. Il y a donc une évolution artistique directement liée à celle du fait religieux en Europe de l'Ouest, dernière brique de l'édifice Occident.