Pour comprendre ce processus complexe et vaste qu'est la mondialisation, une introduction s'impose.
Du latin mundus*
, la mondialisation se définit par une mise en corrélation de différents espaces du monde pour des diverses raisons. Utilisé en économie, ce phénomène concerne bon nombre de domaines. Une politique commune comme l'Union Européenne, une guerre, un raz-de-marée touchant plusieurs États peuvent ainsi être considérés comme une forme de mondialisation.
La mondialisation est donc un processus ancien. En effet, depuis des siècles les phénomènes naturels mettent en corrélation les divers espaces du monde. Au début des années 1990, un mouvements d'historiens, né aux Etats-Unis, tente de développer un nouveau type d'analyse géohistorique: le "World History" ou Histoire Globale. Cette analyse consisterait à étudier les processus de mondialisations dans le temps et ainsi de pouvoir les dater, les comparer et en mesurer l'impact. De nombreux cas de mondialisation ont ainsi pu être découverts.
Manifeste pour une Histoire Globale:
La mondialisation structure notre quotidien. Entre autres effets, elle nous fait aujourd’hui prendre conscience de l’interdépendance des phénomènes à l’échelle mondiale. Nous réalisons avec acuité que l’histoire est faite de transferts : de populations, de religions, de marchandises, de savoirs, de techniques, d’armes, d’aliments et de virus… De tout temps, ces échanges ont façonné la planète.
L’histoire globale, c’est d’abord l’histoire des transferts, des contacts et des disséminations. Depuis l’aube de l’humanité, des hommes - nomades, explorateurs, colons, conquérants - ont quitté leur sol natal. Ils emportaient avec eux leur langue, leurs idées, leurs techniques, leur culture. L’histoire globale vise d’abord à décrire et à penser les contacts entre les peuples et les civilisations. C’est une histoire des échanges, des guerres, des transferts et des destructions.
Faire de l’histoire globale, c’est réapprendre à penser les dynamiques historiques, redonner vie à l’histoire comparée ; c’est aussi reposer la question du même et de l’autre.
Faire de l’histoire globale invite à abolir les frontières disciplinaires, à intégrer histoire, géographie, anthropologie, économie… Il faut apprendre à réarticuler les dynamiques de l’économie, des forces sociales, du politique, des cultures et de l’imaginaire.
La construction des nations a donné naissance aux histoires nationales. La construction d’un espace mondialisé nous invite à repenser l’histoire de la planète dans son ensemble.
En révolutionnant l’accès aux sources et le rapport aux publics, Internet favorise l’essor d’une histoire globale. A la fois support de publication, outil de recherche documentaire et moyen de communication, Internet permet la constitution de nouvelles communautés de savoir, et même d’unlieu de savoirdématérialisé, donc déjà globalisé.Depuis quelques années, quelques initiatives ont vu le jour à l’échelle internationale pour donner vie à cette nouvelle histoire globale (ou world history). Livres, articles, colloques, débats, sites Internet, journaux commencent à paraître dans les pays anglo-saxons.
En octobre 2007, s’est réuni à Paris un groupe d’historiens, de géographes et de journalistes décidés à participer à ce mouvement émergent. Son but : éditer un journal en ligne, « Histoire globale ». Il s’agit d’impulser un pôle d’histoire globale en France puis en Europe. Livres et colloques sont également programmés, ainsi que la constitution d’un réseau national et international.
La mondialisation actuelle reste néanmoins la plus singulière. Jamais autant d'espaces n'ont été concernés et jamais la mondialisation a connu une telle intensité. Nous nous intéresserons ici à ses causes, son processus et ses limites.